Grandir dans la ville

Les constats…

PRÉCARITÉ DES MÈRES

Les femmes les plus touchées par la précarité financière sont les mères élevant seules leurs enfants et les jeunes femmes vivant seules sans enfant. Parmi les parents élevant seuls leurs enfants, ce sont très majoritairement les femmes qui assument ce rôle (86% en BDR). 

Premier problème : L’absence d’un second revenu fragilise le parent isolé. Le constat est assez négatif : la moitié des mères isolées et de leurs enfants disposent de moins de 1 060 euros mensuels pour vivre. Le problème du décalage de salaire entre hommes et femmes, pour diverses raisons (congé maternité/temps partiels/discriminations diverses/plafond de verre).

Deuxième problème : Lorsqu’il faut faire le choix de qui arrête de travailler ou diminue son temps de travail entre le père ou la mère, c’est le plus souvent la mère qui le fait. Une des explications est aussi le salaire plus faible des femmes, et donc un calcul pragmatique du couple.

Donc 3 questions majeures en découlent

  • la question des places en crèche, pour que les mères puissent continuer de travailler.
  • le prix des crèches, pour que les familles les plus modestes ne soient pas une nouvelle fois discriminées.
  • la question des inégalités face au travail (congés parentaux/temps partiels/arrêt)

LES CRÈCHES

Marseille, avec ses 59 crèches municipales, sa halte-garderie et ses 3 haltes garderies itinérantes ne parvient pas à satisfaire la demande. Pour tenter de répondre aux besoins, la Ville soutient également, avec la Caisse d’allocations familiales des Bouches-du-Rhône, les établissements d’accueil gérés par des associations.

Tableau tiré d’une étude de l’Institut national d’études démographiques

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–          Avec 40 139 naissances, il est intéressant de constater, à quel point, suivant les arrondissements, les besoins sont supérieurs au nombre de places-   

×      Exclusion des femmes qui portent le foulard : revenir sur la réforme qui heureusement n’est pas passée de l’exclusion des mères portant le hijab pour accompagner les enfants en sortie scolaire 

relance la question de l’accumulation des discriminations : c’est-à-dire que ces mères sont discriminées de fait car elles sont femmes, mais également en raison de leur religion (voire d’autres discriminations).

question de l’exclusion de certaines mères de la vie scolaire

question du ressenti de ces élèves quand leurs mères sont exclues des sorties scolaires. Quel message leur envoie-t-on?

SEXISME DANS LES COURS DE RECRÉATION

Appui : travail d’une géographe du genre, Edith Maruéjouls, qui a travaillé avec une classe de 5ème à Bordeaux. Elle souligne que « La cour est le premier espace public ». D’où son importance majeure dans la définition des rôles dans la société, et dans l’utilisation de l’espace entre hommes et femmes.

Les cours d’écoles se ressemblent : un terrain de football le plus souvent au milieu de la cour de récréation, et des marelles et bancs sur les côtés. La position centrale du terrain de sport, bien souvent de foot, participe à une forme d’invisibilisation des petites filles.

La géographe demande aux enfants de dessiner leur cour de récréation, et leur place et ces de leurs ami.e.s, en fonction de s’ils sont des filles ou des garçons.

https://matilda.education/app/course/view.php?id=218

Sur les schémas, les garçons sont partout. Ils se sentent légitimes d’aller et venir partout dans la cour de récréation. 

Intéressant : les élèves, dans leur majorité, souhaitent changer cette organisation de l’espace.

Ceci ne serait pas un problème si les activités n’étaient pas elles-mêmes séparées en des activités pour les filles, et des activités pour les garçons. Ces activités sont « naturalisées » la plupart du temps par les adultes, c’est-à-dire que nous présentons comme naturelles ces différences de goût pour certaines activités entre garçons et filles.

LA COMMUNICATION

Le personnel éducatif, comme nous tou.te.s, n’est pas encore complètement et parfois pas du tout alerte sur les discriminations de genre, et emploi certains termes discriminants chaque jour, sans s’en rendre compte. 

Etude faite à Lyon, auprès d’animateurs de crèches. Certains propos recueillis “Les garçons ont des jeux plus vifs et ont plus besoin de se dépenser” . “Les filles sont souvent demandeuses de coiffures pas les garçons”. Donc: on naturalise, au-lieu de nous demander l’influence de l’éducation sur ces comportements d’enfants.

→ Problème : cette séparation établie comme naturelle est faite au détriment des filles (occupation de l’espace, activités valorisées, passivité vs activité etc). Les activités pratiquées par les garçons, puis les hommes, sont des activités qui présentent énormément d’avantages, en termes de santé, d’influence, de socialisation (vie sociale), de visibilité, d’occupation des espaces communs dans la ville (après la cour de récré), et sur bien d’autres plans encore.

→ Les comportements pro-actifs sont implicitement attribués aux garçons

Effet négatif pour filles et garçons

Exemple de communiqué visuel dans une crèche à Lyon. La version fille n’existe pas.

RISQUE D’ACCENTUATION DE LA SECTARISATION AU FIL DES AGES

La restitution des discussions

Des démarches déjà mises en place ont été évoquées :

  • Exemple d’une école à Noailles où une classe de primaire réorganise chaque semaine sa cour de récréation et les activités pratiquées pour aller dans le sens dune égalité filles/garçons.
  • Exemple des « journées sans foot ».
  • Exemple de la restauration des toilettes dans les primaires, pour éviter les lieux d’insécurité

Des solutions pour la suite :

  • Plus de formations pour le personnel scolaire
  • Des formations également pour le personnel médical et paramédical pour les femmes et les mères
  • Une redéfinition et une normalisation de ce que devraient être les cours d’éducation sexuelle (moins axées sur la reproduction, et parler aussi des relations hommes/femmes, et de la communication sexuelle, en incluant les élèves).
  • Inclure les parents, donner + de force de proposition à ceux qui sont motivés par l’idée d’une meilleure égalité filles/garçons à l’école.
  • Pour les crèches :
    • Qu’elles deviennent une politique de la ville et soient moins reléguées aux associations
    • Qu’il y ait + de transparence au niveau de l’attribution des places
    • Créer, en parallèle des crèches, des espaces intergénérationnels et mixtes, pour éviter l’isolement des mères. Des espaces parents/enfants/grands parents.
  • Sensibilisation dans les entreprises, à la question de l’importance du congés parental pour les hommes : qu’il soit mieux accepté.