Droit à la ville et gentrification

Une trentaine de personnes présentes.

Invité : Maxime de l’association APPUII (alternatives pour des projets urbains ici et à l’international).

Ouverture : 2 films de Primitivi sur des paroles de forains et sur des manifestations organisées contre le projet de requalification.

Présentation du travail d’APPUII : Comment concrétiser un droit à la ville tel que défini par Henri Lefebvre en 1968 ? Il est important de mobiliser les habitants comme des universitaires sur des actions dans les quartiers comme au niveau national.

Débat libre entre les participants à l’atelier

  • Difficulté à définir la gentrification : n’est-on pas toujours le gentrificateur de quelqu’un dès lors qu’on s’installe dans un quartier populaire (A Noailles depuis le début des années 1990 par exemple) avec davantage de moyens financiers et/ou intellectuels que ceux qui y logent depuis un moment ? Faut-il éviter de venir ? La gentrification est peut-être ambivalente avec une augmentation des loyers mais aussi un apport de connaissances.
  • Distinguer une gentrification individuelle et une autre organisée par les pouvoirs publics pour le seul profit de quelques intérêts privés (BTP, banques, promoteurs-spéculateurs, multi-propriétaires).
  • La transformation des quartiers est beaucoup plus lente à Marseille par rapport à Paris même si ça avance sur les secteurs 5 Avenues-Longchamp et Chave-Eugène Pierre-Camas.
  • Sur ces aspects, voir l’entretien « La gentrification devient une politique à Marseille » avec Elisabeth Dorier dans La Marseillaise du 22/06/2019.
  • Sur La Plaine, on a dû faire face à un projet sans consultation. Du coup, la bagarre a commencé alors qu’il était trop tard, le projet de la mairie étant déjà ficelé. Il est essentiel d’exercer une plus grande vigilance par rapport aux projets d’urbanisme. Exemple : le collectif « On ne se laisse pas faire » alerte sur l’extension de l’opération Euromed vers le quartier des Crottes incluant le marché aux puces qui doit être remplacé par un « marché du monde » en 2022. Le tout en lien avec le développement des bateaux de croisières (qui engendre une pollution équivalente à des centaines de milliers de voitures sur toute la ville et sur les quartiers Nord en particulier).
  • Au début Euromed telle que lancée par Jospin contenait des préoccupations sociales. Mais ce qu’on a eu, ce sont des opérations violentes, sans consultation, Rue de la République, Porte d’Aix.
  • Tactique de pourrissement des quartiers par la mairie ce qui rend difficile l’opposition frontale à des projets se présentant comme des rénovations, des améliorations et non comme une transformation totale.
  • Manque de leviers pour agir sur les politiques locales.
  • Se battre contre la ségrégation en exigeant davantage de logements sociaux auprès des pouvoirs publics (ils en ont réaffecté pour combler les vides Rue de la République après le désastre de la crise financière) notamment sur la partie sud de la Plaine qui n’en compte que 4,5% (seuil loi SRU de 20 à 25%).
  • Sur la Plaine, on a pratiqué le droit à la ville en faisant cohabiter une multitude d’usages de l’espace public y compris à travers festif et contestataire. Et c’est ce qu’il faudra essayer de retrouver une fois le chantier terminé. Ce sera aussi le plus difficile du fait même de la requalification (espaces réduits et morcelés, route traversante, kiosques et terrasses permanents, etc.). Le retour d’un marché populaire reste un enjeu crucial.
  • A Marseille, il y a le scandale de l’impunité totale de la mairie dans « sa volonté de changer les habitants » y compris manu militari. Mais à Lyon, il faut voir ce qui est arrivé à la Croix-Rousse où tout a été vendu, tout a disparu, tout s’est déplacé dans le quartier de la Guillotière.
  • Contre cela, il faut formuler clairement des exigences : le droit à la ville, ça se prend. En impliquant tout le monde, usagers, habitants, commerçants, forains et même en allant voir du côté des universitaires pour contrer les discours du pouvoir. Il est possible de faire reculer la municipalité et de construire des projets d’urbanisme communs entre des professionnels et des habitants (la Castellane, la Savine).

3 axes de propositions à la fin de l’atelier :

+ LOGEMENTS : plus de la moitié des constructions réservées à du logement social, gel des loyers (comme à Berlin), encadrement des prix de l’immobilier, contrôle plus strict des locations AirBnB.

+ COMMERCES : préemption de locaux en faveur de l’économie sociale et solidaire, en faveur du secteur associatif pour des activités culturelles au sens large (pas d’invasion de galeries d’art, design, brocante chic, etc.), gel de l’implantation des grandes enseignes, favoriser l’achat de lieux par des associations (pour y fonder des Maisons du peuple par exemple).

+ USAGES : retour du marché populaire, cohabitation, partage de l’espace contre sa privatisation par des activités marchandes permanentes.